REPORTAGES

Reportages sur 2 métiers de l'action culturelle

1er REPORTAGE ==> interview d'un artiste du groupe Tri Yann
2eme REPORTAGE ==> interview d'une chargée de communication culturelle



1er REPORTAGE

C'est dans le cadre d'un reportage à travers l'Europe cet été que nous avons interviewé un des membres du groupe Tri Yann, un groupe phare dans le paysage de la musique celtique contemporaine.
Il gère aussi l'organisation du groupe et ils sont aujourd'hui indépendants.
Nous avons effectué plus de trois mois de tournée et fait un reportage sur un ou plusieurs artistes dans chaque ville. Voici celle de Nantes du groupe Tri Yann, en juillet 2010.


Clémence pour Festisound : Bonjour Jean est ce que tu peux commencer par te présenter, nous dire d'où tu viens ?

Jean Chocun : Je suis Jean Chocun,  un des trois membres fondateurs du groupe Tri Yann avec Jean-Paul Corbineau et Jean-Louis Jossic et on a été très vite rejoint par Bernard Beaudriller.

 Ca fait combien de temps exactement que vous vous gérez vous-même, ça s'est passé comment la transition d'un distributeur major...?

A une époque on avait une personne qui vendait nos concerts.
Puis j’ai repris ce boulot de démarchage d'informations auprès des organisateurs de concerts.
C'était le début où les ordinateurs commençaient à toucher le grand public donc on a tout rentré, des fichiers d'adresses d'organisateurs, de festivals. On a fait des publi-postage. On a rediffusé d'une autre façon.
En fait on a toujours été autonome à peu près à ce niveau là.
En effet on a signé pas mal de contrats d'artistes avec des maisons de disques.
On  ne voulait pas gérer nous même notre carrière discographique parce que c'est compliqué le pressage des disques tout ça, c'est un peu compliqué. La promotion on ne savait pas la faire et on n’avait pas la structure du tout pour le faire.
Ce qui nous intéressent maintenant, c'est de trouver une distribution pour mettre nos disques chez les disquaires ou chez tous les détaillants.
Depuis une bonne dizaine d'années, on a notre studio, on s'est structuré là-dessus pour faire notre son.

Vous avez des activités annexes ?

Tout tourne autour de Tri Yann.
Néanmoins, il y en a un qui a une passion pour la politique municipale et qui est adjoint du maire de Nantes. Un autre est adjoint au maire dans son bled et les autres ne font rien à côté.


Quelle place à la culture celtique finalement dans votre travail ?
Si-il y en a une ?

Ce sont les racines, on essai d'être respectueux de la base de la racine.
Par exemple quand on veut écrire...
On pense breton


Quels liens vous avez eu d'ailleurs par rapport à toute cette communauté celtique qu'on retrouve en Europe, que ce soit justement à l'Est ou au Royaume-
Uni ?

On a fait très peu de rencontre.


Votre groupe s'est aussi fondé sur le mouvement qui a été un peu lancé par
Alan Stivell?

Alan a fait parti de cette dynamique, mais celui qui nous a mis, sur les rails, vraiment, c'est
Gilles Servat.

Vous êtes devenu des spécialistes en histoire celtique

C'est quand même un minimum de s'intéresser à ce qu’on fait

Si on revient sur l'aspect inter-culturel,  votre musique celtique vous  voulez la conserver telle qu'elle est ou alors vous êtes ouvert à d'autres styles?
J'ai vu que vous avez des musiciens qui ont bossé dans le Jazz, Rock, Soul ?

Il faut absolument conserver les racines, les bases telles qu'elles sont.
C'est notre différence on reste dans les traditions et c'est ça que les gens viennent chercher dans notre musique.
Sinon musicalement, je crois que tout est permis.

Aujourd'hui vous faites beaucoup de festivals, vous restez pas mal dans le secteur finalement ?

 On en a deux

 Il y a Saint-Pierre de Chartreuse?

 On y joue demain soir.

Les gens connaissent les danses là où vous allez?

Oui il y a toujours un petit noyau de gens qui connaissent.
Mais on laissent les gens s'exprimer comme ils le veulent.


 En Arrachant les chaises du premier rang...

 ça peu... (rires)

 Est ce que vous le voyez comme un avantage ou comme une chance que la musique soit plus facilement accessible et plus facilement distribuée ? Nous par exemple notre génération, nos goûts musicaux sont beaucoup influencés par la diversité qu'offre internet.

Oui moi je suis pour le fait qu'il y ait un panel de musique disponible.
Le risque est de sans cesse survoler des tas de trucs, sans rien écouter à fond.
Et donc le problème c'est qu'en mettant tout à la disposition des gens, il me semble que dans le fond, c'est encore des racines qui vont manquer.
La culture va en souffrir. C'est bien d'avoir la possibilité, d'avoir accès à une grande encyclopédie, encore faut-il avoir le temps de creuser chaque article.


Ca c'est  la perspective de l'auditeur, et du point de vue d'un groupe?  
j'ai vu un certain nombre de groupe qui vive du spectacle et donnait leur musique pour mieux la diffuser et derrière cela facilitait leur activité de tournée et ils trouvaient plus facilement des dates. Par exemple pour vous, vous faire un public en Irlande vous n'y avez jamais pensé à travailler à vous exportez ?

Non

 Utiliser internet  c'est pratique pour élargir son public ?

 Oui on va mettre un titre sur youtube avant de sortir le prochain disque

En parlant de ça, de place, en France on a un paysage audio-visuel qui est assez particulier où les radios ont des mandats, j'ai vu d'ailleurs que vous avez un partenariat avec France-Bleu (en tout cas sur le site web, il y a le logo) ?

oui on a plus maintenant mais on avait.
 
Ils annoncent vos concerts. Comment vous trouvez actuellement le paysage audio visuel français, est ce que vous avez une place, est ce que vous êtes diffusé?

Nous on est pas diffusé ou si peu, je vois des émissions de télévision, je ne vois pas d'ailleurs, je sais qu'il existe des émissions de télévision, genre radio crochet avec une pauvreté intellectuelle et artistique mais alors c'est déprimant, voilà c'est déprimant quand je vois quelqu'un comme, je peux la citer parce que je ne supporte pas cette attitude, la chanteuse LIO, qui a à mon goût, s'autorise des avis alors qu'elle même n'a rien fait de vraiment marquant et ça me gène énormément.
On nous envoie des jeunes artistes, des jeunes chanteurs ou musiciens, ils nous envoient leurs maquettes, nous envoient leurs disques en nous demandons ce qu’on en pense et si on a des conseils .
Je ne me sens pas capable de juger.
C'est prendre une  sacré responsabilité.
Je n’aime pas ces émissions où ils  s'autorisent à juger, à juger des jeunes quitte à leur casser les ailes.On les fait rêver de façon imbécile.


Il faut savoir que Tri yann est un groupe qui date depuis plus de 40 ans et qui a réussit à se gérer presque tout seul.


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2eme REPORTAGE


Aujourd’hui je suis partie à la rencontre d’Hélène Vignal, chargée du secteur jeune public au service culturel municipal de Gentilly.
Elle organise depuis 8 ans le Festival Courants d’Arts, festival pluridisciplinaire adressé aux enfants et aux jeunes. En pleine préparation de la prochaine édition, elle a accepté de répondre à mes questions.




Ninnog pour Festisound : Pour commencer, peux tu nous présenter le Festival Courants d’Arts, son histoire, ses principes…

Hélène Vignal, chargée du secteur jeune public au service culturel municipal de Gentilly : A la base, j’étais chargée de la programmation culturelle pour le jeune public au service municipal de Gentilly. Il s’agissait, et il s’agit toujours d’ailleurs, d’organiser des évènements destiné aux enfants et aux jeunes gentilléens. On programme en moyenne un évènement pour le jeune public par mois. Et puis il y a huit ans, l’idée d’organiser un festival et de regrouper plusieurs spectacles sur plusieurs jours. Les deux premières années, le festival se déroulait sur presque un mois, c’est au fil des années qu’on a concentré les évènements sur seulement quelques jours. Pour la dernière édition, le festival présentait 8 spectacles, 5 concerts, près de 15 ateliers et deux expositions sur 11 jours. J’ai vraiment voulu axer Courants d’Arts sur la pluridisciplinarité des évènements, et sur la rencontre des professionnels et des amateurs du milieu. Ce festival existe grâce à la collaboration entre les différents acteurs de la vie culturelle gentilléenne, le service culturel, les associations, les « professionnels du jeune public » animateurs de contres de loisirs, enseignants, etc.

Justement, la particularité de Courants d’Arts, c’est cette collaboration entre amateurs et professionnels de tous horizons. Comment s’est-elle mise en place ?

 Courants d’arts est organisé par le service culturel, ce qui fait qu’il s’adresse avant tout à un public local. Il était logique dès le départ de travailler avec les écoles et les centres de loisirs municipaux. Les enseignants et animateurs ont aussi pour rôle de sensibiliser les enfants et les jeunes à l’art. A partir de 2006, on a commencé à organiser des rencontres entres les artistes et les jeunes, dans leur cadre scolaire. Puis les rencontres se sont transformées en ateliers. Le fait de faire participer les jeunes permet de les intéresser, pour qu’ils comprennent à la fois le métier et l’univers de l’artiste avec lequel ils travaillent. L’année dernière, les ateliers musiques organisés en classe ont permis aux enfants d’enregistrer un CD avec l’artiste David Sire et de monter chanter avec lui sur scène. La notion à mettre en avant, c’est celle de partage. Nous avons organisé des ateliers avec les associations locales pour sensibiliser les riverains à la vie associative de Gentilly. Je tiens à ce que toutes ces collaborations se renforcent au fil des ans, Rome ne s’est pas faite en un jour et nous pouvons déjà être satisfaits du résultat actuel, tout en espérant faire mieux chaque année.

 On est au mois de janvier, peux-tu nous dire en quoi consiste ton emploi du temps en ce moment ?


 Bien que le festival n’ait lieu que dans quatre mois, la pression monte tout doucement. Il faut savoir gérer son temps entre le festival, et les autres évènements dont j’ai la charge. Pour Courants d’Arts, la programmation est presque bouclée.
En ce moment, j’assiste à beaucoup de spectacle de manière à faire mon choix définitif. Ca fonctionne un peu au coup de cœur, c’est à moi de faire la bonne sélection, il faut des spectacles dans toutes les disciplines, pour tous les âges, et de qualité bien sûr ! C’est la partie la plus plaisante dans l’organisation d’un festival !

Et à partir de maintenant, comment ça va se passer ?

 A partir de février, on va axer notre travail sur la communication, faire le communiqué de presse, le dossier de presse, toutes les expéditions. Il faut bien s’organiser, prévenir la presse à temps, de manière à optimiser l’image et la renommée de Courants d’Arts.
Une fois la communication terminée, il faudra s’occuper des détails techniques, réserver les salles, mobiliser les employés municipaux pour l’organisation et la gestion technique, signer les contrats, s’assurer du matériel nécessaire, relancer la presse. Tout le travail effectué se concrétisera environ une semaine avant le début du festival, quand on commencera à monter les installations, à préparer les évènements. Le rush, c’est pendant le festival, on court partout, tout le temps, il faut faire attention au tous les facteurs du bon déroulement des spectacles. Et une fois le festival fini, il faut s’occuper du « travail de conclusion » on va dire, les restitutions, les bilans etc.
On peut vraiment souffler vers la fin juin. Et en septembre, on recommence.

En parlant de bilan, quel serait le tien sur Courants d’Arts aujourd’hui ?

J’en tire un bilan positif, même bien plus que positif. En huit éditions, Courants d’Arts a pris beaucoup d’ampleur. Il attire chaque année plus de monde, les évènements sont de plus en plus diversifiés. Je suis heureuse d’avoir réussi à le développer jusqu’à son état actuel, sans arrêter d’espérer plus pour les éditions à venir. La politique culturelle municipale est basée sur le partage et la solidarité. Courants d’Arts illustre ce principe. C’est passionnant d’arriver à monter un projet, et de voir que tout le monde est prêt à s’investir dedans. C’est passionnant de voir les enfants s’émerveiller devant les spectacles qu’on programme. Le bilan est très satisfaisant pour tout le monde, pour les spectateurs, pour les troupes et les artistes, et pour nous, organisateurs, de voir un public aussi réceptif en face.

 Et pour finir, un mot sur la prochaine édition ?


Comme tous les ans, des évènements aussi divers que possible, concerts, apéro-spectacles, ateliers, rencontres, visites, théâtre, danse, contes. Et toujours le même mot d’ordre : partage !



Un grand merci à Hélène pour avoir répondu à nos questions. Le dossier de presse de l’édition 2011 sera bientôt disponible, et en attendant, celui de l’année précédente est disponible ICI

Affaire à suivre !